mercredi 16 août 2017

Une corrida pour la petite histoire (1ère partie)

Une fois n'est pas coutume, parlons (aussi) un peu de Dax...


L'animal sauvage peut-il être issu d'une alchimie parfaite ?
Vous avez 2 heures.

Photo extraite du compte Twitter de José Ignacio Sanchez, représentant de la ganaderia Pedraza de Yeltes



Peut-on qualifier de grande course une corrida qui ne reçoit que les douze piques réglementaires, plus une simulée (réclamée à corps et à cris par la foule, à fort juste titre), et dont certaines furent même écourtées par le retentissement des clarines en plein tercio ? Apparemment oui... Si l'on en croit le tohu-bohu d'auto-satisfactions et de complaisances qu'elle a généré.

Le triomphalisme, qui est un fléau de la tauromachie et aura sa peau, ne semble plus tracasser personne et des aficionados même avertis s'en accommodent. De la corrida de Pedraza de Yeltes combattue à Dax le 14 août 2017, on aurait pu retenir le travail calibrée (mais littéralement gâché par l'irruption bien trop tardive de la fanfare) de Rafaelillo au 1er, seul toro compliqué, ou son estoconazo au 4, la réception au capote de Luque au 5 et son entame de faena, la batacazo mémorable que "Tontillo", 3ème toro du jour, infligea à la cavalerie, poussant le cheval sur plus de dix mètres et ne lâchant toujours pas sa proie alors qu'il l'avait clouée au sol. Nous aurions pu garder en mémoire les prestations des picadors Juan José Esquivel et Pedro Itturalde qui, eux, sont l'avenir de la tradition taurine. Tout ça s'est bien produit et "Brigadier" qui était un vrai toro brave, aurait pu être piqué 4 fois avec une vraie pique et obtenir un vrai triomphe. Légitime celui-là...

La corrida de Pedraza de Yeltes version 2017 à Dax ne fut ni du niveau de 2015, ni du niveau de 2014. Loin de là. Et la façon dont elle a été présidée est juste malheureuse : gestion défaillante du tercio des piques privant incompréhensiblement l'aficion de tout un pan des émotions possibles dans une arène, communication nulle avec les cuadrillas, musique à gogo, musique aux piques (?!) sur des tercios réduits à leur plus simple expression, attribution complètement farfelue des oreilles et des tours de piste post-mortem.

Il faut, sans cesse, continuer à se questionner.
Peut-on juger vraiment de la bravoure d'un toro en seulement 2 rencontres au 1er tiers ? La première pique est-elle vraiment révélatrice du tempérament d'un toro ? Comment un toro peut-il montrer autant de caractère au tercio de varas et si peu de sauvagerie ensuite ? Voire aucune. A en devenir complètement fade... Car c'est bien de cela qu'il s'agit. Dociles, bien trop dociles dans les muletas ont été les Pedrazas. Les ganaderos du Campo Charro sont-il parvenus en quelques années à peine au summum du dressage de l'animal dit de combat ? Tueur de chevaux (pour faire plaisir aux aficionados) et naïf dans les muletas (pour le plus grand plaisir des toreros). Les faits sont là. Urdiales, Castaño, Ferrera, Perez Mota, Del Alamo, Joselito Adame, Rafaelillo (!), tous s'étaient cassés les dents sur les Pedrazas de Dax, laissant seul (en 2015) le mayoral sortir en triomphe sous les yeux embués d'un public hébété par la manifestation d'autant de caste. Au Pedrazas, on ne faisait pas de redondos, dans un sens puis dans l'autre, on ne faisait pas de luquesinas. Face aux Pedrazas on ne se mettait pas à genoux. On restait debout ! On ne toréait pas en rond. On ne se relâchait pas. Ils ne le permettaient pas...

Redonnons à nos discussions un peu de saveur. Ne cédons pas aux sirènes de la facilité, pour le plus grand bonheur du mundillo, avisé, comme de nos organisateurs, en manque de reconnaissance ou de succès.